Le truc, c’est que La Méthode très rapide qui fonctionne à 100% pour tout le monde… ça n’existe pas. Désolé.
Ça pourrait fonctionner si tout le monde commençait à fumer pour les même raisons. Mais les gens fument des cigarettes pour plein de raisons possibles, notamment pour se détendre, pour se sentir plus alerte, pour se conformer à la pression sociale, pour soulager le stress ou l’anxiété, pour se donner une pause ou pour se sentir plus confiants…
Alors la méthode qui marche le mieux, à mon avis, c’est de comprendre ce qui vous pousse vraiment à fumer, consciemment et aussi au niveau inconscient. Et de travailler là-dessus. Ce qui pousse à fumer, on ne le sait pas toujours vraiment. C’est là qu’on peut avoir besoin d’un accompagnant pour aller au-delà de nos propres certitudes. Souvent on a une belle histoire qu’on se raconte, du style : « mon meilleur ami fumait, alors je lui ai piqué une cigarette et depuis je fume par habitude ». Souvent, l’histoire qu’on se raconte masque la réalité. Et si vous voulez arrêter de fumer, c’est important de connaître la réalité pour travailler sur les bons axes.
Pas convaincu·e ? Illustrons par l’exemple avec un cas que je connais bien : le mien.
La cigarette et moi
J’avais 16 ans quand j’ai vraiment commencé à fumer.
Je pensais que je fumais pour passer le temps. Quand je ne savais pas quoi faire au lycée, quand les secondes semblaient ne pas vouloir s’écouler, quand j’attendais les vacances, ou bien qu’elles finissent… une cigarette c’était déjà cinq minutes de passées. C’était donc juste une occupation qui me permettait de prendre du recul, des pauses.
Et c’est seulement 10 ans plus tard que je me suis dit que ça devenait un vrai problème. Problème d’argent dans un premier temps : j’avais du mal à me nourrir quand j’étais étudiant alors que mes parents me donnaient bien assez d’argent. Quand j’ai commencé à travailler et à toucher mon propre salaire, ça me faisait enrager de dépenser autant dans une activité qui ne me créait aucun souvenir, aucun plaisir finalement. Et aussi j’ai été obligé de passer aux mentholées, parce que sinon j’avais l’impression d’étouffer au bout de quelques clopes. Alors j’ai commencé à vouloir arrêter.
Donc à chaque tentative pour arrêter de fumer, j’ai tenté la même méthode au fond : trouver un geste de substitution pour passer le temps, puisque la cigarette ne me servait qu’à ça… Je me souviens qu’à ma première tentative, je faisais 10 pompes pour me faire passer chaque envie. J’ai fait tellement de pompes que j’avais des douleurs à l’épaule et au poignet qui ont duré des semaines après que j’ai repris la cigarette ! Je me sentais tellement nul d’avoir fait tant d’effort, tout ça pour recommencer à fumer.
Je vous passe les multiples tentatives avec jogging, méditation, verre d’eau (ça peut être une excellente méthode si vous ne pouvez pas fumer aux toilettes) et plein d’autres dérivatifs plus ou moins intelligents…
Chaque fois que je reprenais, j’étais plus bas que terre. Je me sentais faible. Reprendre la cigarette encore et encore semblait prouver ma faiblesse : je n’étais rien d’autre qu’un toxicomane. En reprenant le tabac, j’embarquais aussi une sale déprime sur fond de culpabilité.
"Mais pourquoi tu fumes ?"
Quand mon père est décédé d’un cancer du poumon, j’ai ressenti le besoin de creuser encore.
Je me suis intéressé au moment où j’ai fumé pour la première fois. En étant accompagné j’ai réussi à trouver ce qui se passait réellement en moi quand je prenais une cigarette.
La vérité c’est que j’ai fumé mes premières clopes au collège pour faire partie des « bonhommes », des casse-cous et des rebelles qui fumaient derrière le bâtiment. J’ai commencé à fumer pour me sentir fort comme eux. Je voulais qu’on me voit comme quelqu’un de fort, comme un bad boy qu’il ne fallait pas chercher. C’était une façon pour moi de détourner mon attention, et celle des autres, de mes faiblesses. Notamment pour éviter d’être la cible d’insultes ou de violences. Je me sentais faible et je voulais contrebalancer cette image. Au collège cette stratégie a plutôt bien marché, mais je n’avais pas d’argent, alors je n’ai pas fumé régulièrement. C’est à ce moment-là que je me suis dit « la clope j’arrête facilement, alors je reprends quand je veux »…
Et puis au lycée je me suis fait des amis, des vrais, que j’ai toujours aujourd’hui. Et à leurs yeux je ne voulais pas avoir l’air faible, je ne voulais pas avoir l’air vulnérable. « Moi, je suis un vrai mec ». Et dans ma tête d’ado des années 90, un vrai mec ça fume. Alors j’ai repris. J’ai conservé cette habitude pendant environ 20 ans, j’ai fini par considérer que ça faisait partie de moi. C’est un peu devenu une partie de mon identité. Ne pas arriver à arrêter aussi ça commençait à faire partie de moi. Et avec, la peur de mourir d’une maladie liée au tabac. J’en ai vu beaucoup partir à cause de la clope…
Pour comprendre ça, j’ai eu besoin d’un peu d’aide. Et j’ai pu me rendre compte des leviers dont j’avais besoin pour arrêter le tabac :
- Jouer sur l’aspect financier, qui est revenu plusieurs fois dans mon histoire de fumeur.
- Réaliser qu’arrêter de fumer est signe de force de caractère. J’ai besoin de me considérer comme quelqu’un de fort, et l’arrêt du tabac pouvait m’aider à me percevoir comme tel.
Le dernier arrêt
Pour arrêter vraiment, il a donc fallu que je comprenne mes motivations de fumeur, pour quelles raisons je fumais. Et aussi les motivations qui me permettraient arrêter de fumer.
Ca fait environ 6 ans que j’ai arrêté. Ça n’est pas venu d’un coup. Je suis passé par une période de cigarette électronique. Niveau financier, ça m’a déjà encouragé : mes efforts avaient un résultat visible puisque mon argent ne partait plus en fumée (mais en vapeur).
Pendant cette période de transition je me suis rendu compte que le regard des autres n’a pas vraiment changé sur moi, ou alors positivement : je sentais meilleur, je n’étais plus à la traine derrière les autres par besoin de mes 5 minutes de nicotine. En tenant plusieurs semaines sans cigarette, j’étais aussi perçu par mon entourage comme quelqu’un de courageux (donc de fort). Ça m’a permis de prendre plus confiance en moi.
Aujourd’hui je suis un ex-fumeur. J’ai encore de temps en temps des envies de cigarettes. Quelques fois même il m’arrive de fumer une bouffée ou deux lors d’une soirée. Je n’ai jamais eu envie de reprendre réellement. Cependant je reste vigilant, on ne sait jamais…